L’évolution des retards de paiement est un bon indicateur de la santé d’une économie.
En effet, si les délais de paiement pratiqués sont plus d’ordre culturel et législatif, les retards et les impayés sont les conséquences des difficultés financières des entreprises.
L'analyse de la situation au Maroc est révélatrice d'une réalité contrastée et influencée par des éléments parfois contradictoires.
Quelles sont les pratiques de paiement au Maroc ?
Tout d’abord concernant les modes de paiement, les entreprises ont une préférence pour le chèque qui est utilisé pour un tiers des paiements, le virement et les effets de commerce (lettre de change, billet à ordre…).
L’utilisation massive du chèque, moyen de paiement ne favorisant pas les paiements en temps et en heure, est certainement une cause du niveau de retard de paiement dénoncé par les entreprises marocaines.
L’octroi de crédit à ses clients est profondément ancré dans la culture commerciale marocaine. 91% d’entre elles affirment accorder un délai de paiement, certainement de manière trop automatique car seulement 13% d’entre elles ont un service spécialisé capable d’effectuer des analyses crédit de qualité.
Les délais de paiement accordés restent raisonnables. Il est curieux de constater qu’ils correspondent à peu près à la moyenne européenne, caractérisée par un grand écart entre les pays du nord (30 jours et moins) et les pays du sud (90 jours et plus). La France étant dans l’entre deux avec 55 jours de délai moyen accordé.
39% des entreprises affirment accorder un délai de paiement compris entre 30 et 60 jours, 25% entre 60 et 90 jours. Seules 10% accordent un délai moyen de 120 jours. Cette maîtrise des délais contractuels a été influencée par la Loi 31-10 de 2011 qui définit un délai légal cible de 60 jours date de réception des marchandises ou de 90 jours lorsque le vendeur et l’acheteur conviennent d’appliquer ce délai.
La Loi impose également le principe de pénalités de retard, calculées sur la base du principal taux directeur de la banque centrale auquel s’ajoute un taux fixé par arrêté.
Le véritable problème du crédit inter-entreprises marocain est le niveau de retards de paiement qui se monte en moyenne à 30 jours, ce qui est plus du double des pratiques européennes. 49% des entreprises affirment subir des retards moyens supérieurs à 60 jours dont 19% supérieurs à 120 jours.
Conclusion
Le niveau de retards de paiement et des impayés ne permet pas aux entreprises marocaines de tirer profit de délais de paiement contractuels raisonnables. Elles gagneraient beaucoup à créer ou renforcer leur service crédit client afin de mieux évaluer le risque client en amont puis mettre en place des processus de recouvrement exigeants et efficaces dans le traitement des litiges.
Voir l'étude complète de Coface ici
A quand une étude du même type sur l'Algérie ?