Défaillances d'entreprises
La dernière étude trimestrielle d'Altares sur les défaillances d'entreprises vient d'être publiée, et les chiffres sont désastreux. Avec 13 140 jugements d'ouverture de procédure, dont 12 790 dépôts de bilan, le 3ème trimestre 2013 est le plus mauvais depuis 2009. L'impact en termes d'emplois directs menacés est lui aussi en forte dégradation (52 700) comparable à 2009.
Le nombre de procédures de sauvegarde augmente mais reste très faible. La procédure de sauvegarde est un dispositif destiné aux entreprises en difficultés, mais qui ne sont pas en cessation de paiement. Le législateur a voulu mettre en place un dispositif d'anticipation, car le dépôt de bilan est souvent trop tardif. La plupart des procédures de redressements judiciaires se terminent par la liquidation de l'entreprise !
Notons que pour le créancier, à court terme, le risque est identique. Dans toutes ces procédures, les tribunaux valident des plans prévoyant au mieux un étalement des paiements de créances chirographaires, ou un abandon partiel.
Quelques secteurs d'activité sont fortement touchés
Thierry Millon, le responsable des études d'Altares, note une très forte dégradation des secteurs orientés vers les particuliers. La baisse du pouvoir d'achat des consommateurs se fait sentir sur l'activité des commerces et des services à la personne.
Les entreprises du bâtiment, du commerce de détail et de la restauration constituent toujours la majorité des défaillances.
Certains secteurs sont particulièrement touchés et enregistrent des dégradations inhabituelles :
+ 34,9 % dans l'agriculture, + 19,8 % pour les services aux particuliers, +15,9 % dans les activités liées à la santé, à l'enseignement ou aux loisirs, + 11,8 % dans l'information et la communication, et + 11 % pour les activités financières et les assurances.
La baisse de la consommation et les difficultés des entreprises travaillant en B2C ont un impact sur les entreprises de commerce de gros inter-entreprises, et sur l'industrie agroalimentaire. Cette dernière est l'un des principaux employeurs dans l'hexagone et notamment en Bretagne, où les redressements judiciaires des groupes DOUX et GAD ont déjà durement frappé la région.
Disparités régionales
Il est toujours difficile de comparer les chiffres d'une région à l'autre. La carte ci-dessus, établie par Altares, reflète l'évolution des redressements et liquidations entre le 3ème trimestre 2012 et le 3ème trimestre 2013.
L'augmentation des dépôts de bilan en Île-de-France et dans le Nord Pas-de-Calais représente plus de 400 entreprises, soit près de la moitié de la dégradation française.
Parmi les grandes régions économiques, les régions PACA et Rhône Alpes semblent moins dégradées.
Des phénomènes inquiétants
Les TPE de moins de 10 salariés représentent toujours 90 % des dépôts de bilan, mais Thierry Millon constate que la moitié des défaillances touche des entreprises de plus de 5 ans. Il s'agit là d'un phénomène inquiétant car ces entreprises résistent normalement mieux aux aléas économiques et emploient plus de personnel qu'une jeune entreprise. L'impact en terme de perte d'emploi est donc plus lourd.
Une autre observation formulée par Altares devrait faire réfléchir les pouvoirs publics : la moitié des entreprises défaillantes ne respectaient pas leur obligation de publier leurs comptes, depuis 3 ans, dans le but de ne pas informer les tiers sur leur situation financière déséquilibrée.
Le taux moyen d'endettement de ces entreprises atteignait 88 %.
L'ensemble de l'étude est téléchargeable sur le site d'Altares : www.altares.fr
Quelques conseils
Plus que jamais, les entreprises doivent être prudentes et bien informées sur la santé financière de leurs partenaires économiques : clients et fournisseurs !
Si votre client ne publie pas ses comptes : demandez-les lui
Soyez attentif au respect des délais de paiement par vos clients, car la défaillance arrive rarement sans signes avant-coureurs.
Christian Hardy - OuestGEST - Conseil en crédit management et prévention des impayés