La crise que nous vivons a remodelé certaines perceptions des réalités et a engendré un décalage parfois profond entre l’interprétation des faits et de simples règles de bon sens. Ainsi, nombreux sont ceux qui revendiquent et trouvent normal de maintenir la dépense publique en creusant le déficit, c'est-à-dire de dépenser l’argent qu’ils ne possèdent pas. Ceux qui, au contraire, estiment que les dépenses ne doivent pas dépasser les recettes sont des partisans de l’austérité et de la rigueur à la solde des Germains qui tentent d’imposer aux autres ce principe saugrenu. Ceux qui sont en faveur de l’équilibre budgétaire sont même qualifiés d’être anti-croissance. L’endettement public serait source de croissance quand la rigueur budgétaire mènerait à la récession ! A-t-on d’autres exemples dans l’histoire où un principe basique et essentiel de bonne gestion d’un état comme d’une association de défense de la gallinette cendrée, d’une entreprise high tech comme d’un agriculteur drômois bio, est vilipendé à ce point ? Les biens pensant anti « austérité » considèrent comme un droit de dépenser l’argent des autres et justifient leur point de vue en affirmant que c’est positif pour la croissance : « Donnez moi de la l’argent, je vais pouvoir consommer, ce qui va favoriser la croissance ! ». La voilà la solution à la crise et au manque de croissance. Ce n’est pourtant pas compliqué ! Dire que je n’y avais même pas pensé… Cette position qui consiste à augmenter les dépenses publiques pour favoriser la croissance, sans se préoccuper de la profondeur abyssale de la dette publique, est d’ailleurs défendue par certains politiques, voire par certains économistes. L’idée est très répandue. Comment est-ce possible ? Tout simplement en jetant dans le débat le voile de la complexité de la finance, incompréhensible pour ceux qui n’en sont pas experts, et qui imaginent que parce qu’ils n’y comprennent rien qu’il est possible de s’endetter sans fin. A-t-on d’autres exemples dans l’histoire d’amnésie collective concernant des règles de bon sens ? En fait oui ! Il y en a tant ! En 1914, juste avant la guerre, on affirmait et on croyait qu’étant donnés les progrès de l’armement, les nouvelles balles mettaient les soldats hors de combat sans les tuer. On oubliait qu’un projectile lancé à 600 mètres / seconde risquait de provoquer des dégâts plus dramatiques quel que soit son design ! La première guerre mondiale a étrangement fait 10 millions de morts. Plus récemment, les nouveaux produits financiers offerts aux ménages américains ont maintenus pendant longtemps l’illusion qu’il leur était possible de consommer toujours plus et d’acheter leur maison à crédit sans tenir compte de leur capacité de remboursement. La hausse continue du marché immobilier garantissait les banques de récupérer leur mise dans tous les cas. L’éclatement de la bulle immobilière et la faillite de millions de ménages américains qui a suivi a déclenché la plus grande crise économique depuis un siècle ! Les règles de bon sens sont toujours valables, quelles que soient les circonstances. Celle qui consiste à ne dépenser que ce que l’on a pour ses dépenses courantes est vitale. L’endettement est possible et même souhaitable (c’est d’une certaine manière la base du capitalisme) mais ne doit exister que lorsque le retour sur investissement est réel et que son montant est cohérent avec la capacité de remboursement. Aujourd’hui, les états ont recours à l’endettement par laxisme et manque de courage. Plutôt que d’affronter les vrais problèmes (réduction des dépenses, modernisation et évolution du secteur public, promotion de la création de valeur par l’innovation…etc), ils ont recours à l’endettement en niant la réalité, ses nécessités et ses règles. Et si nous remettions le bon sens au cœur de la gestion ? |
Date: 20-03-2013 - Auteur :
Bertrand Mazuir
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